Note de cadrage

Enseigner la défense et la sécurité nationale, c’est se concentrer sur trois cadres :

  • le recul historique qui permet de replacer les questions de défense dans un temps plus long : de la défense des frontières à la défense sans frontières, de l’indépendance nationale à l’autonomie stratégique, de la défense nationale (Livre blanc de 1972 sur la défense nationale) à la défense (Livre blanc de 1994) et à la défense et la sécurité nationale (Livres blancs de 2008 et 2013).
  • la France « … au milieu des peuples du Monde », dans le contexte des menaces intérieures et extérieures, de ses alliances et de ses engagements, des opérations et actions militaires que ses armées conduisent, en France et dans le Monde, d’un continuum de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieure, dont la lutte contre le terrorisme est un marqueur majeur ;
  • la défense comme politique publique, c’est-à-dire une autorité politique qui décide (place et rôle de la défense et de la sécurité nationale dans les institutions), des opérateurs qui exécutent (l’« outil militaire » : les Armées, leur organisation, les hommes et les femmes qui y servent), les moyens que la Nation y consacre, en analysant les dimensions terrestres, aériennes et maritimes, interministérielles, interalliées de la défense.

1. L’EMC : une nouvelle perspective d’enseignement

  • un enseignement qui n’est pas structuré par niveau mais qui est organisé autour de dimensions :
    • la sensibilité : soi et les autres ;
    • le droit et la règle : des principes pour vivre avec les autres ;
    • le jugement : penser par soi-même et avec les autres ;
    • l’engagement : agir individuellement et collectivement.
  • un enseignement qui ne vise pas l’acquisition de connaissances en tant que telles mais la transmission et le partage des valeurs de la République : les connaissances « s’intègrent dans une culture qui leur donne sens et cohérence et développe les dispositions à agir de façon morale et civique ». L’EMC « privilégie la mise en activité des élèves » et valorise le travail en groupe ainsi que le recours à des travaux interdisciplinaires [1]. Il suppose la mise en œuvre de méthodes et démarches tels que le débat réglé, le dilemme moral, le conseil d’élèves, la méthode de la clarification des valeurs.
  • l’approche thématique de l’enseignement de la défense et de la sécurité nationale jusqu’à présent mise en avant doit dès lors être questionnée afin de s’inscrire dans l’économie d’ensemble de l’EMC.

2. La défense et la sécurité nationale ne sont plus en tant que telles mais sont présentes dans plusieurs « dimensions » de manière plus ou moins explicite.

La défense nationale est devenue la seule clé d’entrée spécifique dans les programmes d’EMC (elle n’est plus systématiquement associée à la sécurité nationale) et au sein du parcours citoyen, elle n’est qu’une entrée parmi d’autres.

  • des entrées inégalement visibles (un thème complet et deux rubriques) dans deux des quatre dimensions abordées par l’EMC
  • dans la dimension « le jugement : penser par soi-même et avec les autres »
    • thème « comprendre que deux valeurs de la République, la liberté et l’égalité, peuvent entrer en tension »
    • thème « problèmes de la paix et de la guerre dans le monde et causes des conflits »
  • dans la dimension « l’engagement : agir individuellement et collectivement »
    • thème « expliquer le lien entre l’engagement et la responsabilité »
    • thème « la sécurité des personnes et des biens : organisations et problèmes »
    • thème « connaître les grands principes qui régissent la Défense nationale »
    • thème « la journée défense et citoyenneté »
    • thème « les citoyens et la Défense nationale, les menaces sur la liberté des peuples et la démocratie, les engagements européens et internationaux de la France ».
  • des entrées possibles mais moins explicites dans la dimension « culture de la sensibilité ». L’un des trois « objectifs de formation » est d’amener l’élève à « se sentir membre d’une collectivité », ce qui s’ancre particulièrement au thème « connaître les principes, valeurs et symbole de la citoyenneté française et de la citoyenneté européenne ». On pourra trouver des exemples se rattachant à l’enseignement de la défense pour travailler cette dimension : l’acquisition d’une culture de défense commune, l’étude du lien Armée/Nation, l’analyse de ce que représente l’esprit de défense dans une société en proie à des menaces extérieures et intérieures.
  • la question de l’articulation avec le Parcours citoyen où il n’est fait mention que de l’enseignement de défense reste posée.

3. Des liens à construire avec les programmes d’histoire et de géographie mais aussi de lettres, par exemple, d’où un nécessaire enseignement en classe de troisième.

  • les heures consacrées à l’EMC sont assurées par les enseignants d’histoire et de géographie mais l’approche interdisciplinaire qui est mise en avant doit conduire à développer les liens avec les programmes disciplinaires (histoire, géographie, lettres…) ;
  • une difficulté nouvelle car les programmes n’ont pas été nécessairement construits dans cette optique ;
  • une conséquence : un enseignement que l’on réservera à la classe de troisième pour bénéficier de l’ensemble du programme de lettres mais surtout par souci de cohérence avec le programme d’histoire et de géographie.

4. Fiches spécifiques disponibles à télécharger sur le site Éduc@def

Texte publié sur le site Éduc@def


[1] D’après les principes généraux du programme d’EMC, cycles 2, 3 et 4, BO spécial n°6 du 25 juin 2015