"Laïcité et liberté dans l'école publique" - Colloque inter-académique du 11 décembre 2014

Dans le sillage du 9 décembre 2014, journée anniversaire de la loi de 1905 qui scelle la séparation des Églises et de l’État, le colloque de la Laïcité a été l’occasion d’une journée de réflexion et de formation inter-académique le 11 décembre 2014 à Canopé Grenoble.

Monsieur Daniel Filâtre, recteur de l'académie de Grenoble et madame Françoise Moulin-Civil, rectrice de l'académie de Lyon, ont ouvert et suivi les travaux du colloque auquel ont assisté près de 350 acteurs du système éducatif des deux académies, professeurs, formateurs, conseillers principaux d’éducation, chefs d’établissement, inspecteurs des premier et second degrés, directeurs des services départementaux, universitaires, formateurs des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation et des Inspecteurs généraux.

L’ambition du colloque a été de préciser le sens de la laïcité en lien avec la pédagogie, et cela tout particulièrement dans son rapport à la valeur de liberté. Il s'agissait de montrer que la laïcité à l’école n’est pas là pour interdire, mais pour instruire la liberté. Pour montrer que la laïcité ne défend pas, au sens d’interdire, mais mieux défend, au sens de préserver.

La matinée a engagé la réflexion sur le thème « laïcité et libertés à l’école ». Abdenour Bidar, chargé de mission sur la pédagogie de la Laïcité auprès du ministère de l’éducation nationale, a démontré comment s’emparer de l’outil pédagogique qu’est la Charte de la laïcité à l’école dans la perspective de l’apprentissage et de la transmission de ce principe. Il a indiqué des pistes pour l’aborder, en lui associant les valeurs de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Alain Bergounioux, IGEN honoraire, participant actuellement à l’élaboration des projets de programmes pour l’enseignement moral et civique pour le Conseil supérieur des programmes, a mené une réflexion sur le sens d’une morale commune à transmettre, à faire partager. Cet enseignement moral et civique, à partir de septembre 2015, doit permettre une confrontation raisonnée entre l’individu et le commun, à l’aune des valeurs et des principes de la société. Les élèves se familiariseront avec cette morale, à travers les cultures de la sensibilité, de la règle, du jugement et de l’engagement, pour construire un humanisme moderne. Interrogeant la légitimation de l’acte de transmettre cette valeur morale, l’intervenant a abordé la nécessaire formation des acteurs de l’école, tant en formation initiale que continue. Mathilde Philip-Gay, maître de conférences à Lyon 3, a exposé les fondements juridiques qui commandent la laïcité à l’école et expliquent les décisions prises sur des questions qui peuvent être sensibles comme la restauration scolaire, la neutralité, les sorties scolaires.

Une table ronde a clôturé cette réflexion sur la laïcité dans l’Institution par un échange sur un état du vivre ensemble à l’école et la nécessité de revitaliser une éthique laïque chez les enseignants et les acteurs de l’école pour porter les valeurs et leur transmission par une pédagogie adaptée.

L’après-midi, « laïcité et libertés au cœur des enseignements » a porté davantage sur la classe, la démarche et le positionnement des professeurs sur les savoirs face aux croyances. Madame Corine Fortin, docteur en didactique de la biologie, formatrice à l’ESPE de Créteil, a insisté sur la construction des savoirs scientifiques. Savoirs qui évoluent mais qui pour autant ne sont pas relatifs. Elle a également abordé les contraintes de temps et de formation de l’enseignant pour répondre aux interrogations des élèves. Travailler et expliquer l’histoire du vivant obligent de considérer les représentations des élèves. Madame Oissila Saaïdia, professeur des universités – Lyon 2 –, est revenue sur l’enseignement du fait religieux en classe, notamment dans une approche historique de l’enseignement de l’Islam. Elle a pointé la difficulté de la transmission d’un savoir et la formation nécessaire des professeurs pour les sécuriser sur la maîtrise du vocabulaire et la contextualisation historique des faits enseignés. L’exemple d’une action de formation qu’elle conduit dans l’académie de Lyon en association avec madame Christine Lauer, IA-IPR d’histoire-géographie, a permis d’illustrer cette démarche.

La dernière table ronde a mis en jeu le rapport entre « croire » et « savoir » à l’école, dans l’appréhension de la double allégeance famille – école, dans un monde ouvert à une connaissance circulant librement. Le rapport élève – enseignant – famille et connaissances extérieures a conduit à une réflexion riche.

Cette journée inter-académique a été organisée à l’initiative des référents « Laïcité » et des délégations académiques des actions de formation des deux académies. Elle a permis de réaffirmer une culture commune de la laïcité, de la partager pour construire une pédagogie de la laïcité.