RESPECTER UNE MINUTE DE SILENCE

Lors d’un hommage national, une « minute de silence » est décrétée par les autorités et respectée par des rassemblements de personnes.  

UN RITE LAÏQUE

La pratique d’une minute de silence est un rite laïque. Il s'agit, en effet, de s'abstenir de parler et de rester immobile. Pour Patrick Boucheron, historien français, elle est pensée comme un rituel laïque. Garder le silence à plusieurs est compatible avec l'ensemble des religions et des philosophies. La minute de silence sert généralement à la commémoration d'un événement tragique pour une communauté en considérant sa diversité sans l’associer à un rite particulier ou à une religion.

La minute de silence suit des déclarations. Son objectif est d’être un temps de solidarité collective qui vise à se réunir au-delà des différences après un événement traumatique ou douloureux qui a une répercussion forte dans la société. Le silence permet de témoigner le respect dû aux victimes 

Lors des moments de deuils nationaux implique outre la minute de silence que les drapeaux doivent être mis en berne, principalement ceux des bâtiments appartenant à l'État et à l'administration publique, comme les mairies, les écoles ou encore les tribunaux.

ORIGINE DE LA MINUTE DE SILENCE

La première mention d’un temps de silence est notée au Portugal. Le 14 février 1912, les sénateurs de la toute jeune République portugaise, qui n’a que 2 ans, décide de se lever et de se taire en mémoire du ministre José Maria Da Silva Paranhos Júnior, l’un des tous premiers hommes de l’État portugais à avoir reconnu la naissance de la République. L’homme était mort quelques jours plus tôt, au Brésil, pendant le carnaval de Rio. Petit à petit les Portugais ont réduit la durée. 

Le 11 novembre 1919, la Grande Bretagne décide à son tour d’un temps de silence. Ce seront les 2 minutes de silence. Tradition qui est d’ailleurs toujours d’actualité. Dans une lettre au journal London Evening News en mai 1919, un journaliste australien et ancien combattant de l'armée britannique, Edward George Poney, s’indigne du caractère bruyant des commémorations et propose une période de 5 minutes de silence pour rendre hommage aux morts de la Grande Guerre et de leurs familles. Il propose 5 minutes de silence. L'homme d'État sud-africain Sir James Percy Fitzpatrick approuve cette idée, qui abolit les barrières de la langue et permet à plusieurs nations de se recueillir en même temps, mais suggère à George V de raccourcir la durée à deux minutes : une pour les morts, la seconde pour les survivants. Le temps de souvenir est fixé le dimanche avant le 11 novembre, comme « jour du souvenir ». Ainsi, les premières 2 minutes de silence ont lieu le 7 novembre 1919, en présence des anciens alliés, et notamment de Raymond Poincaré, Président du conseil qui va transposer ce mode de recueillement en France. 

En France, la toute première « minute de silence » est organisée le11 novembre 1922, à Paris, devant l'Arc de Triomphe. La minute de silence remplace l'hommage aux Morts pour la France marqué par le son des cloches et du canon. 

Raymond Poincaré promulgue une loi relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France qui instaure la minute de silence.